Vous envisagez de créer une SISA, mais les inconvénients liés à sa gestion complexe, sa composition réglementée et ses responsabilités financières étendues vous freinent ? Découvrez dans cet article une analyse claire des défis juridiques, pratiques et fiscaux liés à cette structure, pour mieux anticiper les pièges à éviter dans votre projet de maison de santé.

Sommaire

  1. Restriction stricte aux personnes physiques dans la SISA
  2. Obligation d’intégrer des médecins dans la structure
  3. Lourdeur administrative et juridique considérable
  4. Responsabilités professionnelles et financières étendues
  5. Risque d’assujettissement à la TVA non négligeable
  6. Contraintes imposées par l’ARS et la CPAM dans le projet de santé
  7. Obligations et réunions chronophages pour les professionnels
  8. Pièges cachés du règlement intérieur d’une SISA

Restriction stricte aux personnes physiques dans la SISA

La SISA se compose exclusivement de personnes physiques : médecins, pharmaciens ou auxiliaires médicaux. Cette structure juridique interdit la participation de sociétés ou d’entités morales, limitant ainsi les possibilités d’association avec des structures déjà existantes. Les associés doivent être inscrits à leur ordre professionnel respectif, ce qui exclut certains praticiens non réglementés.

Cette obligation restreint les collaborations pluridisciplinaires. Les psychologues, kinésithérapeutes ou ostéopathes, bien que compétents, ne peuvent devenir associés. Ils restent cantonnés au statut de salariés ou vacataires. Cette rigidité complique la mise en œuvre de projets de santé intégrant des profils variés, réduisant la souplesse attendue dans une structure collective.

Les contraintes légales de la SISA s’opposent à des modèles plus flexibles comme les maisons de santé pluridisciplinaires. L’interdiction des personnes morales en tant qu’associés renforce la complexité. Cette limite, héritée d’un cadre réglementaire strict, oblige à réfléchir à deux fois avant d’opter pour cette forme juridique pour son projet collectif de soins ambulatoires.

Obligation d’intégrer des médecins dans la structure

Créer une SISA nécessite impérativement deux médecins associés, conformément à l’article L. 4041-4 du Code de la santé publique. Ce cadre légal vise à garantir une offre médicale diversifiée au sein des maisons de santé. Les auxiliaires médicaux complètent cette base pour assurer la pluridisciplinarité, mais ne remplacent pas cette exigence médicale.

Composition minimale requise pour une SISA et conséquences juridiques
Catégories d’associés Exigences légales Sanctions
Médecins Deux au minimum, sans quoi la SISA n’est pas valide Délai de trois ans pour se mettre en conformité
Auxiliaires médicaux Un minimum requis pour la pluridisciplinarité Dissolution possible en cas de non-respect
Autres professionnels Professions non réglementaires exclues du statut d’associé Admission en tant que salariés uniquement

Les zones rurales peinent à maintenir deux médecins associés. Le départ d’un praticien met la structure en péril, surtout avec les difficultés de recrutement actuelles. La loi Valletoux a étendu le délai de remise en conformité à trois ans, mais le défi reste entier pour les maisons de santé en zones sous-dotées.

L’obligation de présence médicale structurelle crée un déséquilibre dans la gouvernance. Les médecins, tout en minorité en nombre, restent nécessaires dans la prise de décision. Cette asymétrie pèse sur la représentation des autres professionnels, malgré les tentatives d’équilibre par des règles de majorité qualifiée ou des commissions spécialisées.

Lourdeur administrative et juridique considérable

Créer une SISA demande des démarches administratives précises. La rédaction des statuts, l’immatriculation au RCS et les validations par l’ARS et les ordres professionnels prennent du temps. Ces étapes se prolongent souvent sur plusieurs mois, mobilisant les associés sur des tâches juridiques au détriment de leur activité médicale.

La validation par l’ARS s’impose comme une exigence clé. Cette autorité vérifie que le projet de santé répond aux besoins territoriaux et aux priorités sanitaires. Le processus d’évaluation, allié à la nécessité de respecter des critères précis, alourdit la mise en place. Les retards administratifs compliquent souvent l’ouverture des structures.

Les contraintes d’une SISA se résument en trois points essentiels :

  • Juridique et formalités : La SISA est régie par le Code civil et le Code de la santé publique, nécessitant une veille légale constante et l’aval des conseils de l’ordre pour la validation des statuts.
  • Responsabilité et gestion collective : Les associés encourent une responsabilité financière (jusqu’à deux fois leur apport), une répartition équitable des tâches administratives et une gestion proactive des conflits entre professionnels hétérogènes.
  • Administration et fiscalité rigoureuses : Démarches de création complexes, conformité au RGPD pour les données de santé, et obligations déclaratives (ex. Déclaration 2035) pour les recettes issues des soins ambulatoires.

Responsabilités professionnelles et financières étendues

La responsabilité financière des associés d’une SISA est engagée à l’égard des tiers. La loi Valletoux limite cette responsabilité à deux fois le montant de l’apport au capital. Un associé ayant investi 4 000€ reste exposé jusqu’à 8 000€, sans pouvoir se réfugier derrière un mur de protection totale. Cette obligation collective pèse sur chaque professionnel.

Les difficultés financières d’une SISA affectent tous les membres associés. Avant la loi Valletoux, un créancier pouvait s’en prendre au patrimoine personnel des associés. Désormais, la limite reste un risque significatif. Le chômage pour les professionnels libéraux illustre les limites de la protection sociale en cas de défaillance économique collective.

La responsabilité professionnelle dans l’exercice des soins engage la SISA en cas de faute. La structure doit souscrire une assurance adaptée. Les associés restent responsables de leurs actes, mais la solidarité juridique existe pour les actes des salariés. Cette double responsabilité complexifie la gestion quotidienne des risques dans un cadre interprofessionnel.

Risque d’assujettissement à la TVA non négligeable

La SISA bascule en assujettissement à la TVA si plus de 20% des recettes d’un associé proviennent d’activités soumises à cette taxe. Ce seuil se calcule en croisant les revenus globaux de chaque professionnel avec la part soumise à TVA, rendant la surveillance complexe dans une structure interprofessionnelle.

Les conséquences se traduisent par un besoin de comptabilité spécifique. Le paiement PSC peut amplifier ce risque en modifiant la structure des recettes. La collecte et le reversement de TVA s’imposent, avec des obligations déclaratives alourdissant la gestion quotidienne d’une société axée sur les soins ambulatoires.

La vigilance s’impose dès la constitution. Les kinésithérapeutes ou ergothérapeutes, souvent soumis à la TVA, augmentent ce risque. Un suivi des ratios de recettes s’impose pour éviter la bascule. Les associés doivent anticiper cette contrainte fiscale dans leur réflexion stratégique avant même la mise en place opérationnelle de la structure.

Contraintes imposées par l’ARS et la CPAM dans le projet de santé

La SISA exige un engagement de soins formalisé dans ses statuts, validé par l’ARS. Les associés doivent coordonner leurs pratiques autour de l’éducation thérapeutique et la coopération. Ce cadre juridique, inscrit au Code de la santé publique, lie la structure aux priorités territoriales de prise en charge, limitant la souplesse des équipes dans l’organisation des soins.

Les contrôles de l’ARS et de la CPAM réduisent l’autonomie des praticiens. Les décisions stratégiques, comme l’ouverture de postes ou l’admission de nouveaux membres, nécessitent une validation administrative. Les associés doivent concilier leur liberté professionnelle avec les obligations des tutelles, souvent perçues comme des entraves à l’initiative individuelle au profit d’une logique collective.

Les obligations de reporting vers les organismes de tutelle pèsent sur la gestion quotidienne. Les indicateurs de suivi incluent l’atteinte des objectifs du projet de santé, la conformité des rémunérations forfaitaires (jusqu’à 76 000 € annuels) et le respect des critères d’attribution des subventions. Les manquements peuvent entraîner des redressements financiers ou la perte des aides, rendant la rigueur comptable indispensable.

Exemples d’indicateurs de suivi imposés aux SISA par les tutelles
Indicateurs de suivi Fréquence de reporting Sanctions en cas de non-respect
Respect des objectifs du projet de santé territorial Annuel, avec bilan médical régulier Retrait partiel ou total des subventions
Montant des rémunérations forfaitaires (plafonnées à 76 000 €) Déclaration fiscale annuelle (2035) Redressement fiscal et pénalités
Composition réglementaire (2 médecins minimum) Contrôle à la création et en cas de modification Exigence de mise en conformité sous 3 ans

Obligations et réunions chronophages pour les professionnels

Les réunions obligatoires des SISA se répètent 1 à 3 fois par an. Chaque séance dure 2 à 3 heures, avec préparation en amont. Ces temps de coordination, bien que nécessaires pour valider les bilans ou les projets, détournent les praticiens de leur activité médicale principale dans les maisons de santé.

Les contraintes administratives réduisent le temps consacré aux soins. Une étude estime que 10 à 15 % du temps professionnel est dédié à ces tâches. Les médecins, souvent sollicités en tant que coordinateurs, ressentent un déséquilibre entre leurs missions médicales et les obligations de gestion collective des soins ambulatoires.

Comparaison du temps consacré aux tâches administratives versus soins dans une SISA
Type de professionnel Charge administrative Impact sur les soins
Médecins Élevée (formalités de création, gestion des NMR, respect des réglementations fiscales, participation aux AG 1-3 fois/an) Réduction du temps médical disponible (délégation possible à des assistants médicaux)
Professions non médicales (salariés) Moyenne (suivi des activités dans le projet de santé, reporting) Impact modéré (moins de tâches administratives directes)
Coordinateurs Élevée (préparation des AG, coordination des activités, gestion des subventions) Temps dédié à l’organisation plutôt qu’aux soins directs
Associés en général Moyenne à élevée (respect des obligations ARS, conformité TVA, rédaction règlement intérieur) Dépend des ressources (outils numériques, assistants médicaux pour améliorer le ratio)

Les réunions ne sont pas toutes indispensables, mais certaines s’imposent. La validation des budgets ou des statuts reste incontournable. Les associés doivent anticiper ces contraintes en intégrant outils suivi et déléguant certaines tâches à des assistants médicaux pour préserver l’efficacité des soins ambulatoires.

Pièges cachés du règlement intérieur d’une SISA

Le règlement intérieur de la SISA et celui de la MSP régissent des domaines distincts. Le premier organise les relations entre associés et la gestion financière, le second définit les modalités pratiques des soins. Confondre ces deux documents juridiques mène à des conflits et à une mauvaise application des procédures.

Un règlement intérieur inadapté fragilise la gouvernance. Les désaccords sur la répartition des dotations ACI ou les modalités d’admission des nouveaux associés paralysent les prises de décision. Ces tensions impactent la coordination des soins ambulatoires, nuisant à l’efficacité de l’équipe pluriprofessionnelle.

Les deux règlements s’articulent juridiquement par leur complémentarité. Le règlement interne de la SISA précise les mécanismes de coopération thérapeutique, tandis que celui de la MSP encadre l’organisation des activités. Cette synergie structurelle permet de concilier gestion financière rigoureuse et qualité des soins dispensés dans les maisons de santé.

La société interprofessionnelle de soins ambulatoires présente des défis majeurs : une gestion juridique complexe, une responsabilité financière étendue et des contraintes de coordination interprofessionnelle. Avant de franchir le pas, une étude rigoureuse avec un expert-comptable et un cadre juridique clair s’impose pour éviter les pièges. Comprendre ces enjeux reste la meilleure assurance pour garantir la pérennité de votre projet de santé collectif.

FAQ

Quels sont les avantages à rejoindre une SISA ?

Rejoindre une SISA offre des avantages collectifs, comme l’accès à des financements publics pour les MSP, la mise en commun de moyens et la coordination thérapeutique. La structure favorise un exercice interprofessionnel et le développement d’activités de coordination, d’éducation et de prévention, avec des dotations de la CPAM et de l’ARS.

Les membres peuvent percevoir des rémunérations spécifiques, bénéficier de services de coordination et partager des moyens techniques. La SISA peut également améliorer l’exposition de chaque membre, offrant un cadre juridico-fiscal sécurisé.

Comment déclarer les revenus d’une SISA ?

Les SISA, soumises à l’impôt, fonctionnent initialement avec une imposition via les associés (IR), où le résultat est réparti sur les déclarations de chacun en BNC. Les professionnels de santé déclarent leurs revenus SISA en ligne, sous la catégorie «Gains divers» sur leur déclaration 2035. Depuis 2017, l’option de l’IS (impôt sur les sociétés) permet à la société de supporter elle-même l’impôt.

Le choix entre IR et IS dépend des avantages et inconvénients de chaque régime et de la situation personnelle de chaque associé. Avec l’IS, la rémunération de la gérance est déductible et les associés ne sont imposés que sur les sommes perçues. Le taux de l’impôt sur les sociétés est de 28% jusqu’à 500 000 € de résultat fiscal et de 15% jusqu’à 38 120€.

Quelle est la rémunération d’une gérante d’une SISA ?

La rémunération d’une gérante de SISA n’est pas encadrée et doit être prévue dans les statuts. Les associés sont libres d’organiser les modalités de rémunération, qui peut être fixe ou variable. L’assemblée générale approuve le règlement intérieur fixant le montant et le mode de paiement, sans nécessité de justificatifs du temps passé.

Il est crucial de conditionner le versement de la rémunération à l’approbation de l’assemblée pour éviter tout abus. La rémunération ne doit pas être excessive ou sans contrepartie, et doit être fixée en fonction de la charge de travail du gérant. Les questions comptables et fiscales doivent être traitées avec l’expert-comptable de la SISA.

Qui est le gérant d’une SISA ?

Le Code de la Santé Publique ne prévoit aucune règle concernant la gérance d’une SISA. Par défaut, tous les associés sont co-gérants si les statuts ne prévoient rien. La SISA peut avoir des gérants extérieurs, nommés par les statuts ou recrutés via un contrat de travail, avec des missions restreintes à la gestion courante.

Les associés doivent s’assurer du respect des codes de déontologie et des règles du Code de la Santé Publique. La SISA, régie par le Code Civil et le Code de la Santé Publique, est composée d’au moins deux médecins et d’un auxiliaire médical, visant à rémunérer les activités réalisées en commun par les professionnels de santé.